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CONFÉRENCE DE PIERRE CURZI - NOVEMBRE 2011

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L�Homme de Vitruve 

Proposition politique de Pierre Curzi lors d�une 
conf�rence au souper annuel de l�Action nationale 

28 octobre 2011 

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Table des mati�res 


Introduction p.3 

Nos avoirs p.5 

Nos valeurs p.8 

Nos institutions d�mocratiques p.12 

Les pouvoirs p.14 

Conclusion p.15 

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Ce soir, je veux vous parler sp�cifiquement de quatre choses. Je veux vous parler de ce 
que nous sommes, c�est-�-dire de nos valeurs. Je veux vous parler aussi de ce que 
nous poss�dons, de nos avoirs, de nos richesses collectives, du sous-sol, de l�eau, de 
l�air. Je veux vous parler des institutions d�mocratiques et des r�formes aux 
institutions d�mocratiques qui m�apparaissent n�cessaires, et je veux vous parler aussi 
des pouvoirs, des pouvoirs que nous poss�dons et des pouvoirs que nous ne poss�dons 
pas et, au centre de tout cela, je veux vous parler de vous, de moi, de nous, des 
citoyens, des pouvoirs des citoyens et �videmment, fondamentalement, je veux vous 
parler de l�ind�pendance du Qu�bec. 

Ces quatre th�mes qu�on a simplifi�s en disant l��tre, l�avoir, les institutions, les 
pouvoirs, dans mon petit groupe, dans mon comt� avec mes conseillers politiques et 
mes adjoints, on a appel� �a la croix. Je me suis dit je vais utiliser ce symbole de la 
croix, et quand j�ai imagin� que je mettais quelqu�un au centre de la croix, tout � coup, 
l�ath�e en moi s�est �veill� et je me suis dit, c�est une image bizarre, parler du citoyen 
bless� au centre de la croix. Et j��tais pris avec ce ph�nom�ne, et ce ph�nom�ne n�est 
pas banal, c�est un ph�nom�ne d�image, et une image vaut mille mots et comme j�en 
avais peu, je me suis dit : profitons de cette image. Et ce qui m�est venu, c�est le dessin 
de L�onard de Vinci. Tout � coup, je me suis dit : mais nous on voit toujours �a comme 
�tant une croix, donc quatre points, et puis tout d�un coup, je me suis souvenu que ces 
points �taient en relation et que finalement, il ne s�agissait pas du tout d�un carr�, ni 
m�me d�une croix, mais au contraire qu�il s�agissait d�un cercle et l�, j�ai revu dans ce 
cercle le dessin de L�onard de Vinci. Donc, � l�int�rieur d�un carr� qui est aussi le 
centre d�un cercle, il y a un homme, cet homme qui est debout, c�est l�Homme de 
Vitruve et Vitruve est aussi le symbole du nombre d�or, c�est-�-dire de l�harmonie 
parfaite de ce qu�on a appel� l�analogie. 

�a semble �sot�rique mais je vais conduire et conclure mon discours avec cette image. 

L�an dernier, Joseph Facal a pris la parole ici et il a fait un constat de la morosit� qui 
existait au Qu�bec et il s�est pos� la question : comment allons-nous passer de 35 % 
d�ind�pendantistes � un juteux 52, 55 % d�ind�pendantistes capables de faire le pays 
d�une fa�on claire et il s�est aussi dit qu�il faut sortir de l�obsession r�f�rendaire, il faut 
avoir d�autres fa�ons de faire si nous ne voulons pas ravoir les m�mes r�sultats. 

Depuis ce temps, il y a eu plusieurs �v�nements. Je ne reviendrai pas sur les 
�v�nements, mais on peut quand m�me mentionner qu�il y a eu la d�faite du Bloc, qu�il 
y a eu l�arriv�e de Fran�ois Legault et qu�il y a eu les d�parts du caucus du Parti 
qu�b�cois. Pourtant, pendant les quatre ann�es que j�ai �t� au Parti qu�b�cois, j�ai fait 
pas moins de 75 assembl�es o� j��tais invit� � prendre la parole. � chaque fois j�ai 
parl� avec le plus d�intelligence, avec le plus de conviction, le plus d��nergie de 
l�ind�pendance. Mais partout, toujours, je parlais � des gens qui �taient des convertis, 
des ind�pendantistes qui sont partout � travers le Qu�bec, ceux-l�, ceux qui font partie 
des 35 %. 

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Pendant ce temps, dans ma circonscription, j��tais invit� � des �v�nements, des 
rassemblements citoyens pour manifester contre le gaz de schiste, des soir�es 
extr�mement int�ressantes, et m�me une journ�e de la francophonie et jamais, � 
aucun moment, je n�ai pu prendre la parole parce qu�on ne voulait pas qu�il y ait un 
discours partisan. C�est vous dire � quel point � mon sens, il y a un �loignement de la 
classe politique de la vie citoyenne et des pr�occupations citoyennes. Pourtant, en 
m�me temps, il y avait l�organisation de ce mouvement pour s�opposer � l�exploration et 
� l�exploitation des gaz de schiste. Pourtant, en m�me temps, il y a actuellement 
Occupons Montr�al, en m�me temps, il y a une mobilisation �norme pour obtenir une 
enqu�te publique contre la collusion et la corruption. Il y a actuellement des 
documentaires, celui d�Hugo Latulippe, R�publique :Un ab�c�daire populaire, celui de 
Desjardins Trou story, il y a un documentaire sur G�rald Godin, il y a un documentaire 
sur la Romaine, Au fil du courant, il y a des livres qui sont publi�s et il y a des 
mouvements qui naissent par dizaines. Autrement dit, il y a actuellement quelque 
chose qui fermente au Qu�bec, il y a un d�sir �vident de basculer vers une reprise par 
l�ensemble des citoyens du pouvoir politique. Les gens, para�t-il, ne veulent pas 
entendre parler tant que �a de souverainet� ou d�ind�pendance, ce sont des mots qui 
semblent leur faire peur, mais ce dont ils veulent entendre parler, c�est qui prend donc 
les d�cisions quant � leur destin �conomique, qui prend donc les d�cisions sur leur 
environnement, qui prend les d�cisions au niveau de l�agriculture, au niveau de la 
diversit� des cultures, au niveau de la distribution de la richesse. Et � force de 
travailler, de r�fl�chir et de constater cela, je me suis rendu compte, que ce dont il 
fallait parler maintenant pour �tre en phase avec la vie des citoyens, c�est qu�il fallait 
leur parler aussi de nos d�pendances. 

Il faut tout � coup qu�on se rende compte au Qu�bec, et dans notre parole citoyenne et 
dans notre parole d�ind�pendantiste, que les gens sont soucieux de ceux et de ce dont 
ils d�pendent, et cette d�pendance, elle est de plus en plus � l�ext�rieur du Qu�bec, � 
l�ext�rieur du Canada, et qu�elle est d�cid�e � Washington, � Gen�ve, un peu partout. Il 
y a un peu partout dans le monde des forums o� nous n�avons pas voix, auxquels 
nous n�avons pas acc�s, qui prennent des d�cisions sur notre �conomie, sur les flux 
des capitaux, sur l�environnement, sur la mondialisation, sur l�anglicisation des 
cultures, sur les migrations des populations pour des causes naturelles, pour des 
causes de guerre. Nous sommes de plus en plus d�pendants dans plusieurs de nos 
choix, dans plusieurs de nos d�cisions, de d�cisions qui se prennent ailleurs, hors de 
chez nous. Le fait d��tre d�pendants ne fait pas de nous des victimes, mais il 
n�emp�che, nous sommes d�pendants et je me suis dit : il faut commencer � parler de 
ces d�pendances. Il m�appara�t que c�est une mani�re int�ressante de parler de notre 
ind�pendance. 

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Nos avoirs 

Je veux commencer en vous parlant de notre d�pendance dans le cas des ressources 
naturelles et des ressources mini�res. On sait que le Qu�bec, comme pays et comme 
plusieurs autres pays, r�ussit � l��chelle plan�taire. On peut nommer des r�ussites 
chez les scientifiques, des r�ussites dans le milieu culturel, dans le milieu de 
l�ing�nierie, dans l��ducation, dans tous les milieux il y a des r�ussites. Nous 
r�ussissons au Qu�bec et nous r�ussissons � partir de ce que nous sommes, � partir 
de notre facult� � �tre nous-m�mes culturellement, linguistiquement. Nous 
r�ussissons partout dans le monde. Nous sommes des r�sistants qui refusent de 
s�effacer, qui s�affirment. Il n�emp�che que nous sommes de plus en plus d�pendants 
d�un n�olib�ralisme qui est agressif, qui est pr�dateur et que nous n��chapperons pas 
au flux des capitaux. Actuellement les �tats-Unis et l�Union Europ�enne sont dans de 
mauvaises situations budg�taires et financi�res et quand les �tats-Unis souffrent 
�conomiquement, nous en subissons les cons�quences, nos exportations diminuent et 
notre �conomie en p�tit. L�Union europ�enne est travers�e par des probl�mes majeurs 
au point o� plusieurs pays de l�Union europ�enne ont de la difficult� � rembourser leur 
dette et sont incapables de convaincre leur population qu�ils sont porteurs d�une 
solution � moyen terme pour leur propre �conomie et non pour la sant� des gens qui 
vivent dans ce pays. 

En m�me temps on voit des pays comme, le Br�sil, la Russie, l�Inde, la Chine, l�Afrique 
du Sud, la Cor�e du Sud, qui �mergent et qui sont de plus en plus vigoureux, et qui 
non seulement offrent des possibilit�s de d�localiser nos entreprises, mais qui sont en 
train de commencer � investir massivement dans les mati�res premi�res et dans les 
ressources naturelles d�autres pays, dont le n�tre. Quand on regarde le d�veloppement 
du nord du Qu�bec, quand on sait les richesses au niveau des ressources mini�res 
qu�il contient, on voit bien que ces richesses-l� sont convoit�es par le grand capital. Et 
notre r�flexe semble bien �tre de nous d�poss�der pour nous d�velopper. Il semble bien 
que malgr� toute notre histoire, nous soyons en train de dire � ces grands capitaux : 
� mais venez, venez d�velopper chez nous, nous sommes pr�ts � vous c�der notre sous-
sol, nos richesses, nous vous abandonnons ce d�veloppement. � Il semble bien 
qu�actuellement nous abandonnions aux grandes corporations notre d�veloppement 
alors qu�elles ne se soucient absolument pas de notre destin collectif. En m�me temps, 
nous voyons que le Canada est en train de n�gocier avec l�Union europ�enne une 
entente dont nous ne connaissons rien, mais dont nous savons pertinemment qu�elle 
va toucher les march�s publics, c�est-�-dire l�eau, probablement Hydro-Qu�bec, 
l�agriculture et la gestion de l�offre, la culture, les ressources mini�res et les ressources 
naturelles. Ce sont des objets de convoitise pour ces capitaux et cet accord contient 
des clauses troublantes sur les investissements, sur la lib�ralisation des 
investissements, sur le fait que bient�t nous serons confront�s � des clauses qui 
s�appellent le traitement national, qui s�appellent la libre circulation des capitaux, qui 
s�appellent la clause de la nation la plus favoris�e, � des clauses qui �ventuellement 
nous emp�cheront d�appliquer nos politiques environnementales, nos politiques 

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d�emploi. Et cela se passe parce que nous sommes actuellement agenouill�s devant des 
investisseurs et la venue de capitaux financiers. 

Pourtant, quand on se souvient de notre histoire �conomique, quand on se souvient de 
la nationalisation de l��lectricit� qui s�est faite � un moment o� le capital 
d�investissements priv�s et publics �tait quasiment larvaire au Qu�bec. Quand on se 
souvient que nous avons fait cela et que nous avons r�ussi, on se dit comment se fait-il 
que nous ayons encore ce vieux r�flexe archa�que de penser que pour nous d�velopper, 
nous devons nous d�poss�der. Comment se fait-il qu�apr�s avoir cr�� des outils aussi 
puissants que la Caisse de D�p�t, qu�apr�s avoir cr�� le Fonds de Solidarit�, qu�en 
connaissant la richesse des fonds de retraite priv�s, donc un acc�s r�el � un capital 
d�investissement priv�, nous soyons encore en train d�abandonner la possession de 
notre avoir � des gens qui se soucient peu des investissements n�cessaires pour avoir 
acc�s � ces ressources et qui ne se soucient absolument pas des cons�quences de ces 
investissements qui ne se soucient pas de l�environnement, qui ne se soucient pas de 
laisser une �conomie durable et donc ni de la deuxi�me ni de la troisi�me 
transformation. 

Quand on regarde par exemple les d�clarations de Lucien Bouchard qui nous dit que 
l��tat devrait prendre une participation dans l�exploitation et l�exploration des gaz de 
schiste alors que la d�cision m�me de la pertinence d�exploiter les gaz de schiste n�a 
pas encore �t� faite, on reste songeur. On reste songeur parce qu�il y a l� un 
d�tournement. La mission de l��tat et l�investissement et la propri�t� de l��tat, 
l�actionnariat de l��tat comme principe de base pour faire fructifier l�exploitation de nos 
mati�res premi�res, elle est avantageuse, il faut la souhaiter, mais ce que M. Bouchard 
nous dit semble �tre d�un autre ordre. Cet actionnariat de l��tat, il est non seulement 
souhaitable, mais c�est une des seules mani�res que nous puissions avoir � l��gard de 
l�exploitation un comportement �thique, suivre un processus qui soit moral et qui soit 
b�n�fique pour ce que nous sommes. 

Vous connaissez probablement l�exemple de la Norv�ge. En Norv�ge, l��tat contr�le la 
Statoil � hauteur de 66 %. Par l�interm�diaire de cette soci�t�, l��tat a donc des parts 
dans toutes les compagnies p�troli�res. Non seulement l��tat poss�de, mais les profits 
nets des p�troli�res sont impos�s � la hauteur de 78 %. En plus, il y a des limitations � 
la production des gaz � effet de serre et en plus on ajoute une taxe sur la production de 
carbone, et quand vous ajoutez tout cela, c�est-�-dire le prix de vente, les profits li�s � 
la vente du p�trole, les taxes et en plus les redevances, la Norv�ge a r�ussi � se 
constituer un fonds souverain de 600 milliards pour une population de 4,6 millions de 
Norv�giens. Ce fonds est r�serv� aux g�n�rations futures et les investissements du 
fonds sont r�gis par des r�gles �thiques extr�mement strictes. Ici, nous avons le savoir-
faire, nous avons les capitaux pour d�velopper nos fili�res min�rales et �nerg�tiques. Il 
faut cesser de confier � d�autres la transformation de nos mati�res premi�res. Il faut 
s�assurer que nous allons mettre en oeuvre nous-m�mes le d�veloppement durable par 
diff�rents types d��conomie. On peut imaginer qu�il y aurait bien d�autres mod�les qui 

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nous sont proches. On peut imaginer des mod�les coop�ratifs et des mod�les 
d��conomie sociale. Ce n�est pas inimaginable de voir le d�veloppement des ressources 
naturelles et de mati�res premi�res par des outils que nous connaissons bien, que 
nous avons fabriqu�s, qui font partie de notre historique. 

Il y a d�autres exemples qui sont clairs. Quand on regarde l�industrie du bois au 
moment o� il y a eu la crise dans les industries des p�tes et papiers, on a constat� que 
les scieries et les usines de p�tes et papiers avaient un taux de ch�mage de 20 %. 
Pourtant, les usines qui fabriquaient des meubles, elles avaient r�ussi � avoir un taux 
de ch�mage de 10 %. On voit que l�innovation, la recherche et l�investissement qu�on 
fait dans la connaissance, dans l�expertise, dans nos coll�ges et dans nos universit�s, 
sont un mod�le rentable, utile, un v�ritable mod�le de d�veloppement. En plus, quand 
on fait ce type de d�veloppement on s�occupe d�une mani�re dynamique et d�une 
mani�re durable tout le territoire et �a, c�est fondamental. Un pays n�est jamais plus 
fort que chacune de ses r�gions. Donc, c�est l�apologie de la prise en main de notre 
d�veloppement des ressources naturelles et des ressources mini�res avec des outils 
que nous avons cr��s et mis au monde. 

Une des conditions aussi pour r�ussir, c�est �videmment, de sortir de notre 
d�pendance au p�trole. Nous savons tous, le p�trole c�est environ entre 12 et 16 
milliards, qui chaque ann�e s�en vont. Or, nous avons ici la possibilit� de pallier � cet 
achat d��nergie fossile par notre capacit� inou�e de d�velopper des �nergies non 
fossiles. Vous les connaissez, il y a l�hydro-�lectricit� �videmment, l��olien, la 
g�othermie, la biomasse, la biom�thanisation et d��normes r�servoirs de vent. Nous 
avons absolument tout ce qu�il faut pour proc�der d�s maintenant � un retrait de notre 
d�pendance au p�trole. Et, quand on a des projets, comme le fabuleux projet du mono 
rail suspendu anim� par des moteurs-roue qui relierait non seulement Montr�al � 
Qu�bec, mais toutes les r�gions du Qu�bec, ce projet est fabuleux, c�est un projet � 
faire r�ver n�importe qui. C�est ce type de projet qu�il faut mettre en oeuvre avec un 
d�veloppement r�el et un enrichissement r�el de l�exploitation intelligente et coh�rente 
de nos ressources humaines, mini�res et naturelles. 

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Nos valeurs 

Disons que dans mon homme de L�onard de Vinci, le d�veloppement �conomique, on 
va mettre �a dans la main droite. Je veux vous parler aussi de la main gauche. Cette 
main repr�sente pour moi les valeurs. �videmment, les valeurs quand on en parle au 
Qu�bec, on s�est rendu compte qu�on parle toujours de trois valeurs : la langue, 
l��galit� entre les femmes et les hommes et la s�paration de l��tat et de l��glise, la 
s�paration de l��tat, donc la la�cit� de l��tat. Mais, en m�me temps, il faut savoir qu�il y 
a d�autres valeurs, il y a d�autres valeurs dont nous vivons et dont nous vivons depuis 
longtemps. 

Bon, pour le fran�ais, j�ai plusieurs amis qui vont reconna�tre ce passage, mais dans le 
fond, il y a eu deux �tudes que j�ai faites. La premi�re s�appelle L�esquisse du vrai 
visage du fran�ais au Qu�bec, Le grand Montr�al s�anglicise, la deuxi�me s�appelle 
L�application de la Charte de la langue fran�aise au coll�gial, un prolongement 
n�cessaire. Dans le fond, on peut dire qu�au Qu�bec, le fran�ais se porte bien. Il y a 
une certaine qui�tude dans l�ensemble du Qu�bec, les gens vivent en g�n�ral 
majoritairement dans une langue commune, une langue officielle, leur langue d�usage, 
leur langue maternelle qui est le fran�ais. Il y a deux lieux o� il y a des probl�mes. Il y 
a dans la grande r�gion m�tropolitaine de recensement, c�est-�-dire Montr�al, l��le de 
Montr�al, la couronne nord, la couronne sud et il y a la grande r�gion m�tropolitaine 
d�Hull-Ottawa, c�est-�-dire essentiellement Gatineau. C�est l� que les probl�mes sont 
pr�sents. 

On sait qu�� Montr�al, il y a 300 000 anglophones, 600 000 allophones, 900 000 
francophones. Donc, un rapport de 3 personnes de langue maternelle fran�aise pour 
une personne de langue maternelle anglaise, un rapport de 3 pour 1. Quand on 
regarde la langue d�usage, ce rapport-l� n�est plus de 3 pour 1, c�est un rapport de 2 
pour 1. Les raisons sont les suivantes. On �value � 200 000 les francophones qui ont 
migr� de l��le vers les banlieues en 20 ans. On sait que chez les anglophones, le d�ficit 
entre ceux qui arrivent et ceux qui quittent est maintenant presque nul. Donc, les 
anglophones restent � Montr�al et ne partent plus du Qu�bec. On s�en r�jouit et c�est 
tr�s bien. Il y a 600 000 allophones dont un tr�s grand nombre a gliss� vers l�anglais, 
vers la langue anglaise, vers la culture anglaise. On a �valu� avec un crit�re que 
l�anglais � Montr�al �tait 5 fois plus attirant que le fran�ais. On a identifi� trois raisons 
pour lesquelles les allophones choisissent en grand nombre l�anglais. La premi�re 
raison, c�est le logement, donc le lieu o� ils s��tablissent. Le quartier, l�environnement 
dans lequel ils vivent. La deuxi�me est le travail, le premier travail qui est souvent 
dans de petites entreprises, mais aussi dans des moyennes et dans des grandes 
entreprises et on sait que dans le milieu du travail, depuis un certain temps il n�y a 
pas autant de francisation. L�effort de francisation dans les grandes entreprises 
m�appara�t comme �tre difficilement comparable � ce qu�il a d�j� �t�. Dans les 
moyennes entreprises, c�est un peu le m�me sc�nario. L� o� c�est moins organis� et 
c�est tr�s difficile de savoir avec pr�cision, c�est dans les petites entreprises de moins de 

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50 employ�s. L�, on n�a rien, on ne sait pas dans quelle langue les gens travaillent 
quand il y a entre 10 et 50 employ�s, on ne sait pas. Il n�y a pas d��tude de l�Office 
qu�b�cois de la langue fran�aise, il n�y a pas de document fiable, on n�glige cela et ce 
sont les lieux o� souvent les gens qui arrivent vont trouver leur premier emploi. Parfois 
�a se passe en fran�ais, des fois en anglais, des fois dans d�autres langues. Ce que l�on 
sait surtout, c�est que toutes ces petites entreprises sont d�pourvues m�me si la 
Charte s�applique partout, sont d�pourvues de moyens pour servir d�outil de 
francisation pour les gens qui arrivent. Alors, les cons�quences, c�est qu�en 2031, 43 % 
des Montr�alais auront comme langue d�usage le fran�ais, 43 % seulement. Le r�sultat, 
on le voit. Montr�al s�affiche de plus en plus en anglais. Montr�al s�anglicise dans la 
repr�sentation qu�elle a d�elle-m�me. Montr�al qui a toujours �t� le coeur francophone 
du Qu�bec, un coeur francophone qui a servi � l�ensemble du Qu�bec est en train de 
s�affaiblir et dans la mesure o� le coeur de Montr�al s�affaiblit au niveau de la 
production des contenus et de la culture francophone, cela a des effets sur le reste du 
Qu�bec. 

Si Montr�al est aspir� par le grand remous anglo-saxon, le reste du Qu�bec va suivre. 

Ajoutez � cela un nouveau ph�nom�ne que l�on ne connaissait pas qui est une 
contamination virale par des fragments anglophones qui affaiblissent notre immunit� 
linguistique. Je vous donne des exemples. Savez-vous ce que �a veut dire LOL? Lots of 
laughs. Savez-vous ce que �a veut dire TGIF, c�est Thank God it�s Friday, BTW, by the 
way, OMG, Oh my God. 

Ce langage, c�est de la contamination virale, �a rentre dans nos intimit�s, dans nos 
salons, dans notre chambre, dans nos blackberrys et dans nos Ipods. �a rentre 
partout, tout le temps, d�une mani�re constante. C�est un langage qui est de plus en 
plus utilis�. Si vous croyez que �a n�a pas d�effet, moi je vous garantis qu�une r�p�tition 
constante de ces fragments va nous affaiblir et que notre syst�me immunitaire a besoin 
d�un s�rieux coup de boostage pour pouvoir r�sister � ce genre d�attaque. Alors, si 
nous ne renfor�ons pas notre immunit�, la langue fran�aise risque de s�an�mier et de 
dispara�tre et avec elle, la culture. Nous devrions nous en inqui�ter beaucoup. 

Shakespeare a dit : � Nous sommes faits de l��toffe de nos r�ves � et moi je dis, au 
Qu�bec, nous sommes faits de l��toffe de nos mots. Ce sont les mots qui ont nomm� le 
pays. C�est le fran�ais qui a nomm� les lacs, les rivi�res, les montagnes, les for�ts, les 
villages et les familles. C�est le fran�ais qui est chant�, qui est c�l�br� et qu�on �crit. 
Bien s�r, il a �t� m�tin� d�un peu d�anglais, d�un peu d�autres langues, mais 
fondamentalement, le monde n�existait pas au Qu�bec avant d��tre nomm� et nous 
l�avons nomm� par la langue fran�aise. C�est ce qu�il y a de plus pr�cieux. La langue 
cr�e le monde, elle porte l�accent de notre identit�, elle est garante de notre coh�sion, 
d�une compr�hension du sens partag� des mots que nous utilisons pour parler du 
monde qui nous entoure, de nos sentiments et de nos vies. Quelles sont les solutions? 
Vous les connaissez. Les solutions sont le renforcement de la Loi 101, le renforcement 
de la Loi 101 surtout dans ses aspects de la langue de travail, la langue de 

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l�Administration, c�est l�application de la Loi 101, dans les c�geps. C�est la francisation 
des services de garde en milieu allophone, c�est fondamental. C�est jeune qu�on 
apprend et qu�on pratique une langue. 

C�est �galement la r�vision de la loi sur l�affichage, le renforcement de notre r�seau 
national de t�l�vision. C�est la fr�quentation des productions culturelles de langue 
fran�aise et la tentative d�y attirer un bassin de plus en plus important de gens dont la 
culture est autre et qu�on r�ussit mal � attirer dans notre culture d�expression 
fran�aise. Et �videmment, c�est la r�ussite de l�immigration et de la francisation. Il y a 
le magnifique livre de Benoit Dubreuil et Guillaume Marois que vous connaissez, Le 
rem�de imaginaire, qui d�crit cela admirablement. Dans le fond, il y a deux solutions : 
soit on r�duit le nombre de gens qu�on accueille, mais on s�assure qu�on leur fournit de 
v�ritables services de francisation et d�int�gration. Soit, il faut augmenter 
consid�rablement les ressources disponibles pour s�assurer de r�ussir compl�tement 
cette francisation et cette immigration. Si on n�agit pas d�une fa�on claire, d�une fa�on 
ferme, il est certain que nous allons perdre le combat. Nous sommes � prendre ou � 
laisser. Nous sommes � nous poss�der et � nous d�poss�der et il n�en tient qu�� nous. 

Je veux parler aussi d�une autre valeur, une valeur qui est compliqu�e et je vais 
essayer d��tre clair. Je veux parler de la la�cit� parce que souvent on a le sentiment 
d�une perte identitaire par rapport � la langue et souvent quand on a le sentiment de 
perdre au niveau de l�identit�, on a tendance � accuser l�autre. C�est l�autre qui est 
responsable de notre perte identitaire, c�est � cause de l�autre si nous sommes 
fragilis�s. Ce sentiment de perte, il est fort et quand on regarde la la�cit�, c�est assez 
r�v�lateur. � un moment donn� dans notre histoire, nous avons d�cid� que nous 
allions s�parer l��tat de l��glise et en m�me temps, on a abandonn� la pratique 
religieuse. En faisant cela, on a tourn� le dos � tout un pan de notre identit� collective. 
Les francophones en Am�rique, les Qu�b�cois, �taient des catholiques et quand on a 
fait cette migration, un pas d�mocratique avec lequel tout le monde �tait d�accord, on 
s�est trouv� � abandonner la religion, mais pas les valeurs port�es par cette religion. 
On ne les a pas jet�es en m�me temps qu�on jetait la pratique religieuse. Souvenez-
vous, les institutions scolaires �taient de v�ritables incubateurs des valeurs, des 
valeurs explicites, �a servait � ce moment-l� la citoyennet�, �a s�appelait le cours 
d�hygi�ne, le cours de biens�ance. On pratiquait l��conomie parce qu�il y avait des 
caisses populaires scolaires. �a transportait un tas de valeurs extr�mement fortes, des 
valeurs de coop�ration et d�ouverture sur la communaut�. Des valeurs de travail, 
d��conomie, des valeurs intelligentes d�investissement dans ce que nous sommes. C�est 
avec ces valeurs qu�on a r�ussi �norm�ment de choses au Qu�bec. Avec ces valeurs, on 
a r�ussi � r�duire la diff�rence entre les riches et les pauvres d�une fa�on remarquable. 
On est probablement en Am�rique l�endroit o� il y a le moins de diff�rence entre les 
riches et les pauvres. Avec ce mod�le nous avons r�ussi � avoir l��quit� salariale, les 
services de garde pour les jeunes enfants. On a financ� tout �a avec ces principes, avec 
cette pens�e. Le fait d�avoir des services de garde a permis aux femmes d�avoir acc�s au 
march� du travail. D�un coup, on a r�duit consid�rablement la pauvret� dans bien des 

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milieux, dans bien des familles de l�ensemble du Qu�bec. On est devenu tout � coup 
une soci�t� prosp�re. Tout cela a �t� li� � l�ensemble des valeurs qui �taient en quelque 
sorte sous-jacentes, qui soutenaient ou qui ont �t� soutenues ou qui faisaient partie 
du mod�le chr�tien. On a abandonn� la pratique mais on a quand m�me su maintenir 
ces valeurs et les concr�tiser. Mais, en m�me temps, dans le discours, on a choisi de 
donner l�apparence que nous avions opt� pour un pluralisme des valeurs. On s�est dit, 
ce pluralisme va indiquer que nous sommes des gens ouverts. Nous sommes ouverts 
aux autres, nous sommes capables de nous ouvrir, capables de tol�rance et capables 
d�adaptation. En soi, ce n��tait pas un mauvais concept mais, ce faisant, on n�a plus 
privil�gi� aucune valeur. Les valeurs port�es par cet historique ont �t� mises en oeuvre. 
Elles ont produit de bons r�sultats mais, tranquillement, dans le discours, on a cess� 
de les v�hiculer et on a laiss� entrer une valeur forte, une valeur dominante qui est la 
consommation. 

On a laiss� tranquillement la notion de consommateur remplacer graduellement celle 
d�un citoyen conscient de sa communaut�. On a provoqu� un repliement sur chacun 
pour soi. On a provoqu� un endettement majeur des familles qui fait que maintenant le 
premier souci c�est d�abord de se sortir de cette dette et qu�il est de plus en plus difficile 
de s�ouvrir aux autres et d��tre ouvert aux communaut�s. Nous avons en quelque sorte 
n�glig� de remplacer les valeurs humanistes et chr�tiennes par des valeurs humanistes 
la�ques. Il faut redresser ce discours et l�endroit pour le faire, c�est in�vitablement 
l��cole. Il faut redessiner l��cole. Je ne dis pas que cela s�applique partout, plein de 
gens y travaillent, mais il faut encourager le retour dans les �coles d�un humanisme 
la�que qui dise clairement quelles sont les valeurs qui nous ont fond�s, quelles sont les 
valeurs qui se sont d�ploy�es et quelles sont les valeurs avec lesquelles nous allons 
continuer � marcher vers notre avenir. Il faut r�inventer une �cole qui soit soucieuse 
d�une solidarit� qui s�effrite et il faut redonner � cette solidarit�-l� une �me et il faut lui 
redonner des d�fenseurs. Ces d�fenseurs, ce seront les enfants, ce seront les jeunes. 

Alors, voil� donc la main gauche avec des valeurs d�entraide, de coop�ration, d��quit� 
interg�n�rationnelle, d��galit�, de r�partition de la richesse, de justice sociale, d�acc�s � 
la sant�, � la justice et � l��ducation. Toutes ces valeurs, il faut les nommer et les 
int�grer dans ce que nous souhaitons �tre un pays. 

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Nos institutions d�mocratiques 

Parlons maintenant du soc, les deux pieds de cet homme de Vitruve de L�onard de 
Vinci. Ses deux pieds solidement ancr�s dans le sol et dans l�imagerie, ce sol-l�, ce 
sont les institutions d�mocratiques. C�est l�-dessus que les citoyens doivent se tenir 
debout. Parlons d�abord des d�rives du syst�me d�mocratique. La premi�re d�rive, c�est 
le bipartisme, j�ai eu l�occasion d�en parler assez souvent. Le bipartisme cr�e ce qu�on 
voit constamment, c�est-�-dire une guerre incessante entre deux partis qui sont 
d�accord pour se faire la guerre parce qu�ils savent profond�ment que la r�gle de 
l�alternance va jouer et qu�apr�s que l�un aura quitt� le pouvoir, l�autre prendra sa 
place. Donc, l�opposition ne peut et ne fait que s�attaquer au pouvoir qui est en place 
en sachant que lorsqu�elle prendra le pouvoir, ceux qui sont au pouvoir feront la m�me 
chose lorsqu�ils seront dans l�opposition. C�est vraiment navrant comme comportement 
et c�est navrant quand vous y �tes jour apr�s jour, p�riode de questions apr�s p�riode 
de questions. �a devient plus que navrant, �a devient f�cheusement lassant. 

�videmment, pour que cette guerre de groupes ait lieu, il faut qu�il y ait une ligne de 
parti solide, quel que soit notre parti. Il faut que nous ayons la m�me pens�e, qu�on 
soit tous capables d�applaudir en m�me temps � l�attaque virulente qui n�aura aucune 
r�ponse. Voil� donc une d�rive forte. 

Parlons des chefs. Quand on devient chef d�un parti, on devient, si on est �lu, chef de 
gouvernement, chef de l��tat. On est chef de tout et quand on est chef de tout, les 
autres, les d�put�s deviennent des num�ros. Les ministres m�mes n�ont plus de 
pouvoirs. Le chef nomme les ministres quand il le veut, les d�nomme, il nomme les 
sous-ministres et les autres d�put�s, il s�en pr�occupe peu. Il est le chef comme sur 
une �le entour�e d�eau. Mais, tout � coup dans cette eau limpide au d�part parce qu�il 
n�y a pas de contre-pouvoir � ce n�est pas vrai que l�opposition est un contre-pouvoir 
aux pr�rogatives du chef d�un parti � donc, il n�y a pas de contre-pouvoir et dans ces 
eaux libres, tout � coup, vous voyez appara�tre de grands navires. De grands 
destroyers qui sont les grands groupes financiers, les grands groupes de comp�tence 
en ing�nierie, en informatique, en pharmaceutique, les grands groupes syndicaux et 
les grands groupes mafieux. Vous voyez de plus en plus, autour de cette �le, croiser des 
destroyers parce que cet homme isol� sur son �le, cette femme isol�e sur son �le a 
besoin d�abord des destroyers pour mettre en oeuvre ses consignes, pour g�rer les 
grands ensembles, pour cr�er de l�emploi, pour mener � terme des investissements 
majeurs dans nos infrastructures. C�est �a la d�rive dans laquelle nous am�nent le 
bipartisme et les chefs. Et pour ces grands destroyers, inutile de vous le dire, leur but 
est de faire main basse sur l��tat, sur les coffres de l��tat. Et c�est logique, ils sont faits 
pour �a. Finalement, on est d�termin� par notre naissance, ils sont n�s pour s�emparer 
de notre bien. 

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La troisi�me d�rive est celle des trois pouvoirs que sont le pouvoir l�gislatif, le pouvoir 
ex�cutif, le pouvoir judiciaire, et que ces pouvoirs ne sont plus �tanches. C�est �vident 
qu�entre le pouvoir l�gislatif et le pouvoir ex�cutif, il y a actuellement des liens 
incestueux, fr�quents, constants, qui font l�objet m�me de toutes nos revendications 
pour un grand nettoyage. Ce qu�on a vu appara�tre avec cette �trange commission 
d�enqu�te. On a vu tout � coup que la cloison ou le mur entre le pouvoir judiciaire et le 
pouvoir ex�cutif �tait aussi un lieu friable. Il y a donc un effritement au niveau des 
grands pouvoirs qui sont constitutifs de l��tat, qui sont les bases m�mes sur lesquelles 
le pouvoir citoyen repose. 

Alors, les r�formes, vous pouvez les imaginer. Il faut r�tablir de toute urgence un mur 
�tanche entre les diff�rents pouvoirs et �a m�appara�t �tre la premi�re r�forme 
probablement la plus complexe, la plus d�licate, n�anmoins la plus essentielle. L�autre 
r�forme qui m�appara�t aussi fondamentale, c�est �videmment la r�forme du mode de 
scrutin. Il faut s�assurer que le nombre de si�ges attribu�s aux partis correspond 
proportionnellement au nombre de votes qu�ils ont re�us. �a appara�t simple, mais si 
on arrivait � changer cela, si on arrivait � instaurer une repr�sentation proportionnelle, 
et je sais qu�il y a des d�bats sans fin l�-dessus et ce serait int�ressant que nous les 
ayons. Je suis convaincu que nous r�ussirions � changer la dynamique compl�te de 
l�Assembl�e nationale. Plut�t que d�avoir un affrontement continuel, nous aurions t�t 
ou tard des coop�rations entre des groupes dont la coop�ration serait n�cessaire. Je ne 
pense pas que ce soit une panac�e. Ce n�est pas parce que des pays ont des syst�mes 
proportionnels qu�il y a plus de gens qui vont voter mais n�anmoins, il n�emp�che 
qu�au Qu�bec, �a m�appara�t dr�lement urgent. 

Bon, les autres mesures. Est-ce qu�il faut avoir des �lections � date fixe? Oui, je pense 
que c�est assez simple. Est-ce qu�il faut �lire un Premier ministre ou est-ce qu�il faut 
�lire un Pr�sident au suffrage universel? Je crois que la discussion doit �tre ouverte. 
Est-ce qu�on doit avoir un r�f�rendum d�initiative populaire qui soit uniquement 
r�serv� � notre changement constitutionnel ou est-ce que le mandat d�initiative 
populaire devrait s�appliquer � plusieurs autres questions? Moi je pense que toutes ces 
r�formes-l� doivent �tre discut�es. Ce qui est clair, c�est qu�il y a la n�cessit� que l�on 
fasse une consultation populaire sur ces institutions d�mocratiques et sur le type de 
r�formes qu�on doit mettre en oeuvre. Il faut qu�on ait un mandat clair pour ce faire. 

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Les pouvoirs 

Mais dans le fond, on a les pieds dans la m�me bottine actuellement, c�est �a qui est 
particulier pour ce personnage de L�onard de Vinci, on se pile sur les pieds. Vitruve, 
s�il sortait de sa bo�te, s�enfargerait et se casserait la gueule tout simplement parce que 
les deux pieds sont vraiment en pleine confusion. Donc, apr�s qu�on ait parl� de la 
main droite, de la main gauche, des pieds, il faut parler un petit peu de la t�te. Ce sera 
assez bref parce que finalement, la t�te n�est pas dans les nuages, mais la t�te est dans 
les pouvoirs. 

Quels sont les vrais pouvoirs que nous avons? Et, ma foi, quand on se met � faire la 
liste, elle n�est pas exhaustive mais quand m�me. On a les pleins pouvoirs en 
�ducation, en sant�. On a les pleins pouvoirs dans les terres et for�ts, on a les pleins 
pouvoirs sur les municipalit�s, on a les pleins pouvoirs sur la c�l�bration du mariage, 
mais pas sur le mariage et sur le divorce, sur la c�l�bration seulement. On a les pleins 
pouvoirs sur le droit civil, on a les pleins pouvoirs, ma foi, sur la Constitution, on peut 
se faire une constitution, et d�ailleurs quand on parlait des institutions, quand on parle 
de faire une consultation populaire, il est bien �vident que cette consultation populaire 
va nous donner les bases de ce qui sera contenu dans une constitution. C�est clair. 

Quand on lit la Constitution des �tats-Unis, la Constitution de la France, ce qui est 
d�abord �crit dans ces constitutions, c�est comment l��tat fonctionne. Donc, cette 
consultation populaire, nous allons pouvoir imm�diatement l�utiliser. 

Donc, on contr�le tr�s peu. On contr�le une partie de nos politiques linguistiques, une 
partie des politiques de l�emploi, une partie de la justice, on l�a vu, pas la justice 
criminelle, une partie de l�immigration - la r�union des familles, �a ne nous appartient 
pas. Nous contr�lons une partie de la culture, une partie des t�l�communications, une 
partie de la fiscalit�. Il n�y a pas de rapport d�imp�t unique qui nous appartienne. 
Nous contr�lons une partie de notre territoire. Il y a une partie de notre territoire qui 
ne nous appartient pas. Nous n�avons aucune repr�sentation internationale sauf le 
strapontin de l�Unesco, c�est un strapontin qui s�est referm�. Nous n�avons aucun 
contr�le de nos fronti�res dont on apprend et on d�couvre qu�elles sont floues. Nous 
n�avons aucun contr�le sur l�arm�e, sur la monnaie, etc. etc. 

Bref, au niveau des pouvoirs, je comprends que l�on en parle en dernier parce que la 
t�te est relativement vide. Il faudrait bien que cette t�te-l� se remplisse de l�ensemble 
de ces pouvoirs et l� encore, je crois que nous avons besoin d�avoir une consultation 
populaire. Cette consultation populaire, ces simples questions que nous allons poser 
sur les pouvoirs dont nous avons besoin pour nous accomplir comme peuple, sont 
aussi le contenu de ce qu�il faudrait �crire dans une constitution d�un pays normal. 
Apr�s avoir consult� les gens sur les institutions, les avoir consult�s sur les pouvoirs, 
apr�s avoir �crit ensemble, collectivement, d�une fa�on ouverte et d�mocratique ce que 

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nous mettrions dans une constitution, dans un texte fondateur, quels seront les gestes 
� poser? J�ai des pr�f�rences sur les gestes qui sont � poser mais je sais que plusieurs 
ici, ailleurs, ont diff�rentes opinions et d�s que l�on commence � discuter de ces 
moyens, on tombe souvent dans des discussions st�riles. Je pense qu�il est plus 
int�ressant de laisser cette question ouverte et d�en d�battre. 

Conclusion 

Nous savons qu�il y a environ entre 35 et 42 % d�ind�pendantistes. Nous savons que 
40 % de la population est insatisfaite du gouvernement f�d�ral mais n�est pas 
ind�pendantiste, ce qui veut dire qu�il reste un 18 � 20 % de gens qui sont en faveur 
du statu quo. Donc, dans les chiffres, nous les ind�pendantistes, on est deux fois plus 
nombreux que ceux qui souhaitent le statu quo. Il y a eu deux seules occasions o� il y 
a eu une jonction entre les ind�pendantistes et les autonomistes : lors du vote de 
Charlottetown en 1992 et lors du r�f�rendum de 1995. Actuellement, l��tat r�el, c�est 
vraiment cette image. Nous sommes actuellement, nous, et quand je dis nous �a veut 
dire l�ensemble des citoyens comme sous tension. Nous avons des gens qui s�occupent 
des valeurs, et on pourrait les nommer, les gens qui d�fendent la langue, les gens qui 
s�occupent d�immigration, qui s�occupent de l�in�galit� entre les hommes et les femmes, 
les gens qui s�occupent de toutes les valeurs dont j�ai parl�. Il y a des gens qui 
s�occupent du d�veloppement �conomique du Qu�bec, qui veulent le faire entrer dans 
le XXIe si�cle. Des gens qui s�occupent de l��cologie, de l�environnement, qui s�occupent 
des ressources mini�res, des ressources naturelles, il y a des gens et des partis qui se 
pr�occupent de nos institutions d�mocratiques et surtout il y a des partis politiques 
qui se pr�occupent du pouvoir. Et nous sommes au centre, les citoyens, le pouvoir 
citoyen, il est au centre, il est sous tension. Et l�important actuellement me semble �tre 
de ramener l�ensemble de ces gens qui travaillent, qui oeuvrent vers le citoyen lui-
m�me, de le ramener vers un citoyen qui marche sur deux jambes, la premi�re �tant la 
d�mocratie et l�autre, l�ind�pendance. Il faut ramener toutes ces forces vers le coeur de 
cette personne, de ce citoyen. Il faut que le coeur se remette � battre et dans la mesure 
o� nous r�ussirons � ce que le coeur se remette � battre, alors on peut imaginer que les 
jambes seront capables de faire le premier pas, de s�appuyer sur la d�mocratie, de faire 
le pas vers l�ind�pendance du pays. 

Tant�t quelqu�un parlait de sens, et c�est vraiment de cela dont il est question. Il faut 
que ce Vitruve, cet homme dans son cercle d��nergie redonne un sens � sa vie 
personnelle et collective. Il faut que nous ayons � coeur de g�rer avec rigueur nos 
richesses, il faut occuper notre territoire, il faut retrouver le sens de la beaut� de ce qui 
est juste, de ce qui est honn�te, il faut retrouver le sens et la beaut� des gestes que 
nous posons � ch�rir notre patrie, notre langue, notre culture, notre humanit�. Ch�rir 
les gestes que nous posons � nous poss�der. 

Merci! 

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