CONFÉRENCE DE PIERRE CURZI - NOVEMBRE 2011
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L�Homme de Vitruve Proposition politique de Pierre Curzi lors d�une conf�rence au souper annuel de l�Action nationale 28 octobre 2011 www.pierrecurzi.org Table des mati�res Introduction p.3 Nos avoirs p.5 Nos valeurs p.8 Nos institutions d�mocratiques p.12 Les pouvoirs p.14 Conclusion p.15 www.pierrecurzi.org Ce soir, je veux vous parler sp�cifiquement de quatre choses. Je veux vous parler de ce que nous sommes, c�est-�-dire de nos valeurs. Je veux vous parler aussi de ce que nous poss�dons, de nos avoirs, de nos richesses collectives, du sous-sol, de l�eau, de l�air. Je veux vous parler des institutions d�mocratiques et des r�formes aux institutions d�mocratiques qui m�apparaissent n�cessaires, et je veux vous parler aussi des pouvoirs, des pouvoirs que nous poss�dons et des pouvoirs que nous ne poss�dons pas et, au centre de tout cela, je veux vous parler de vous, de moi, de nous, des citoyens, des pouvoirs des citoyens et �videmment, fondamentalement, je veux vous parler de l�ind�pendance du Qu�bec. Ces quatre th�mes qu�on a simplifi�s en disant l��tre, l�avoir, les institutions, les pouvoirs, dans mon petit groupe, dans mon comt� avec mes conseillers politiques et mes adjoints, on a appel� �a la croix. Je me suis dit je vais utiliser ce symbole de la croix, et quand j�ai imagin� que je mettais quelqu�un au centre de la croix, tout � coup, l�ath�e en moi s�est �veill� et je me suis dit, c�est une image bizarre, parler du citoyen bless� au centre de la croix. Et j��tais pris avec ce ph�nom�ne, et ce ph�nom�ne n�est pas banal, c�est un ph�nom�ne d�image, et une image vaut mille mots et comme j�en avais peu, je me suis dit : profitons de cette image. Et ce qui m�est venu, c�est le dessin de L�onard de Vinci. Tout � coup, je me suis dit : mais nous on voit toujours �a comme �tant une croix, donc quatre points, et puis tout d�un coup, je me suis souvenu que ces points �taient en relation et que finalement, il ne s�agissait pas du tout d�un carr�, ni m�me d�une croix, mais au contraire qu�il s�agissait d�un cercle et l�, j�ai revu dans ce cercle le dessin de L�onard de Vinci. Donc, � l�int�rieur d�un carr� qui est aussi le centre d�un cercle, il y a un homme, cet homme qui est debout, c�est l�Homme de Vitruve et Vitruve est aussi le symbole du nombre d�or, c�est-�-dire de l�harmonie parfaite de ce qu�on a appel� l�analogie. �a semble �sot�rique mais je vais conduire et conclure mon discours avec cette image. L�an dernier, Joseph Facal a pris la parole ici et il a fait un constat de la morosit� qui existait au Qu�bec et il s�est pos� la question : comment allons-nous passer de 35 % d�ind�pendantistes � un juteux 52, 55 % d�ind�pendantistes capables de faire le pays d�une fa�on claire et il s�est aussi dit qu�il faut sortir de l�obsession r�f�rendaire, il faut avoir d�autres fa�ons de faire si nous ne voulons pas ravoir les m�mes r�sultats. Depuis ce temps, il y a eu plusieurs �v�nements. Je ne reviendrai pas sur les �v�nements, mais on peut quand m�me mentionner qu�il y a eu la d�faite du Bloc, qu�il y a eu l�arriv�e de Fran�ois Legault et qu�il y a eu les d�parts du caucus du Parti qu�b�cois. Pourtant, pendant les quatre ann�es que j�ai �t� au Parti qu�b�cois, j�ai fait pas moins de 75 assembl�es o� j��tais invit� � prendre la parole. � chaque fois j�ai parl� avec le plus d�intelligence, avec le plus de conviction, le plus d��nergie de l�ind�pendance. Mais partout, toujours, je parlais � des gens qui �taient des convertis, des ind�pendantistes qui sont partout � travers le Qu�bec, ceux-l�, ceux qui font partie des 35 %. www.pierrecurzi.org Pendant ce temps, dans ma circonscription, j��tais invit� � des �v�nements, des rassemblements citoyens pour manifester contre le gaz de schiste, des soir�es extr�mement int�ressantes, et m�me une journ�e de la francophonie et jamais, � aucun moment, je n�ai pu prendre la parole parce qu�on ne voulait pas qu�il y ait un discours partisan. C�est vous dire � quel point � mon sens, il y a un �loignement de la classe politique de la vie citoyenne et des pr�occupations citoyennes. Pourtant, en m�me temps, il y avait l�organisation de ce mouvement pour s�opposer � l�exploration et � l�exploitation des gaz de schiste. Pourtant, en m�me temps, il y a actuellement Occupons Montr�al, en m�me temps, il y a une mobilisation �norme pour obtenir une enqu�te publique contre la collusion et la corruption. Il y a actuellement des documentaires, celui d�Hugo Latulippe, R�publique :Un ab�c�daire populaire, celui de Desjardins Trou story, il y a un documentaire sur G�rald Godin, il y a un documentaire sur la Romaine, Au fil du courant, il y a des livres qui sont publi�s et il y a des mouvements qui naissent par dizaines. Autrement dit, il y a actuellement quelque chose qui fermente au Qu�bec, il y a un d�sir �vident de basculer vers une reprise par l�ensemble des citoyens du pouvoir politique. Les gens, para�t-il, ne veulent pas entendre parler tant que �a de souverainet� ou d�ind�pendance, ce sont des mots qui semblent leur faire peur, mais ce dont ils veulent entendre parler, c�est qui prend donc les d�cisions quant � leur destin �conomique, qui prend donc les d�cisions sur leur environnement, qui prend les d�cisions au niveau de l�agriculture, au niveau de la diversit� des cultures, au niveau de la distribution de la richesse. Et � force de travailler, de r�fl�chir et de constater cela, je me suis rendu compte, que ce dont il fallait parler maintenant pour �tre en phase avec la vie des citoyens, c�est qu�il fallait leur parler aussi de nos d�pendances. Il faut tout � coup qu�on se rende compte au Qu�bec, et dans notre parole citoyenne et dans notre parole d�ind�pendantiste, que les gens sont soucieux de ceux et de ce dont ils d�pendent, et cette d�pendance, elle est de plus en plus � l�ext�rieur du Qu�bec, � l�ext�rieur du Canada, et qu�elle est d�cid�e � Washington, � Gen�ve, un peu partout. Il y a un peu partout dans le monde des forums o� nous n�avons pas voix, auxquels nous n�avons pas acc�s, qui prennent des d�cisions sur notre �conomie, sur les flux des capitaux, sur l�environnement, sur la mondialisation, sur l�anglicisation des cultures, sur les migrations des populations pour des causes naturelles, pour des causes de guerre. Nous sommes de plus en plus d�pendants dans plusieurs de nos choix, dans plusieurs de nos d�cisions, de d�cisions qui se prennent ailleurs, hors de chez nous. Le fait d��tre d�pendants ne fait pas de nous des victimes, mais il n�emp�che, nous sommes d�pendants et je me suis dit : il faut commencer � parler de ces d�pendances. Il m�appara�t que c�est une mani�re int�ressante de parler de notre ind�pendance. www.pierrecurzi.org Nos avoirs Je veux commencer en vous parlant de notre d�pendance dans le cas des ressources naturelles et des ressources mini�res. On sait que le Qu�bec, comme pays et comme plusieurs autres pays, r�ussit � l��chelle plan�taire. On peut nommer des r�ussites chez les scientifiques, des r�ussites dans le milieu culturel, dans le milieu de l�ing�nierie, dans l��ducation, dans tous les milieux il y a des r�ussites. Nous r�ussissons au Qu�bec et nous r�ussissons � partir de ce que nous sommes, � partir de notre facult� � �tre nous-m�mes culturellement, linguistiquement. Nous r�ussissons partout dans le monde. Nous sommes des r�sistants qui refusent de s�effacer, qui s�affirment. Il n�emp�che que nous sommes de plus en plus d�pendants d�un n�olib�ralisme qui est agressif, qui est pr�dateur et que nous n��chapperons pas au flux des capitaux. Actuellement les �tats-Unis et l�Union Europ�enne sont dans de mauvaises situations budg�taires et financi�res et quand les �tats-Unis souffrent �conomiquement, nous en subissons les cons�quences, nos exportations diminuent et notre �conomie en p�tit. L�Union europ�enne est travers�e par des probl�mes majeurs au point o� plusieurs pays de l�Union europ�enne ont de la difficult� � rembourser leur dette et sont incapables de convaincre leur population qu�ils sont porteurs d�une solution � moyen terme pour leur propre �conomie et non pour la sant� des gens qui vivent dans ce pays. En m�me temps on voit des pays comme, le Br�sil, la Russie, l�Inde, la Chine, l�Afrique du Sud, la Cor�e du Sud, qui �mergent et qui sont de plus en plus vigoureux, et qui non seulement offrent des possibilit�s de d�localiser nos entreprises, mais qui sont en train de commencer � investir massivement dans les mati�res premi�res et dans les ressources naturelles d�autres pays, dont le n�tre. Quand on regarde le d�veloppement du nord du Qu�bec, quand on sait les richesses au niveau des ressources mini�res qu�il contient, on voit bien que ces richesses-l� sont convoit�es par le grand capital. Et notre r�flexe semble bien �tre de nous d�poss�der pour nous d�velopper. Il semble bien que malgr� toute notre histoire, nous soyons en train de dire � ces grands capitaux : � mais venez, venez d�velopper chez nous, nous sommes pr�ts � vous c�der notre sous- sol, nos richesses, nous vous abandonnons ce d�veloppement. � Il semble bien qu�actuellement nous abandonnions aux grandes corporations notre d�veloppement alors qu�elles ne se soucient absolument pas de notre destin collectif. En m�me temps, nous voyons que le Canada est en train de n�gocier avec l�Union europ�enne une entente dont nous ne connaissons rien, mais dont nous savons pertinemment qu�elle va toucher les march�s publics, c�est-�-dire l�eau, probablement Hydro-Qu�bec, l�agriculture et la gestion de l�offre, la culture, les ressources mini�res et les ressources naturelles. Ce sont des objets de convoitise pour ces capitaux et cet accord contient des clauses troublantes sur les investissements, sur la lib�ralisation des investissements, sur le fait que bient�t nous serons confront�s � des clauses qui s�appellent le traitement national, qui s�appellent la libre circulation des capitaux, qui s�appellent la clause de la nation la plus favoris�e, � des clauses qui �ventuellement nous emp�cheront d�appliquer nos politiques environnementales, nos politiques www.pierrecurzi.org d�emploi. Et cela se passe parce que nous sommes actuellement agenouill�s devant des investisseurs et la venue de capitaux financiers. Pourtant, quand on se souvient de notre histoire �conomique, quand on se souvient de la nationalisation de l��lectricit� qui s�est faite � un moment o� le capital d�investissements priv�s et publics �tait quasiment larvaire au Qu�bec. Quand on se souvient que nous avons fait cela et que nous avons r�ussi, on se dit comment se fait-il que nous ayons encore ce vieux r�flexe archa�que de penser que pour nous d�velopper, nous devons nous d�poss�der. Comment se fait-il qu�apr�s avoir cr�� des outils aussi puissants que la Caisse de D�p�t, qu�apr�s avoir cr�� le Fonds de Solidarit�, qu�en connaissant la richesse des fonds de retraite priv�s, donc un acc�s r�el � un capital d�investissement priv�, nous soyons encore en train d�abandonner la possession de notre avoir � des gens qui se soucient peu des investissements n�cessaires pour avoir acc�s � ces ressources et qui ne se soucient absolument pas des cons�quences de ces investissements qui ne se soucient pas de l�environnement, qui ne se soucient pas de laisser une �conomie durable et donc ni de la deuxi�me ni de la troisi�me transformation. Quand on regarde par exemple les d�clarations de Lucien Bouchard qui nous dit que l��tat devrait prendre une participation dans l�exploitation et l�exploration des gaz de schiste alors que la d�cision m�me de la pertinence d�exploiter les gaz de schiste n�a pas encore �t� faite, on reste songeur. On reste songeur parce qu�il y a l� un d�tournement. La mission de l��tat et l�investissement et la propri�t� de l��tat, l�actionnariat de l��tat comme principe de base pour faire fructifier l�exploitation de nos mati�res premi�res, elle est avantageuse, il faut la souhaiter, mais ce que M. Bouchard nous dit semble �tre d�un autre ordre. Cet actionnariat de l��tat, il est non seulement souhaitable, mais c�est une des seules mani�res que nous puissions avoir � l��gard de l�exploitation un comportement �thique, suivre un processus qui soit moral et qui soit b�n�fique pour ce que nous sommes. Vous connaissez probablement l�exemple de la Norv�ge. En Norv�ge, l��tat contr�le la Statoil � hauteur de 66 %. Par l�interm�diaire de cette soci�t�, l��tat a donc des parts dans toutes les compagnies p�troli�res. Non seulement l��tat poss�de, mais les profits nets des p�troli�res sont impos�s � la hauteur de 78 %. En plus, il y a des limitations � la production des gaz � effet de serre et en plus on ajoute une taxe sur la production de carbone, et quand vous ajoutez tout cela, c�est-�-dire le prix de vente, les profits li�s � la vente du p�trole, les taxes et en plus les redevances, la Norv�ge a r�ussi � se constituer un fonds souverain de 600 milliards pour une population de 4,6 millions de Norv�giens. Ce fonds est r�serv� aux g�n�rations futures et les investissements du fonds sont r�gis par des r�gles �thiques extr�mement strictes. Ici, nous avons le savoir- faire, nous avons les capitaux pour d�velopper nos fili�res min�rales et �nerg�tiques. Il faut cesser de confier � d�autres la transformation de nos mati�res premi�res. Il faut s�assurer que nous allons mettre en oeuvre nous-m�mes le d�veloppement durable par diff�rents types d��conomie. On peut imaginer qu�il y aurait bien d�autres mod�les qui www.pierrecurzi.org nous sont proches. On peut imaginer des mod�les coop�ratifs et des mod�les d��conomie sociale. Ce n�est pas inimaginable de voir le d�veloppement des ressources naturelles et de mati�res premi�res par des outils que nous connaissons bien, que nous avons fabriqu�s, qui font partie de notre historique. Il y a d�autres exemples qui sont clairs. Quand on regarde l�industrie du bois au moment o� il y a eu la crise dans les industries des p�tes et papiers, on a constat� que les scieries et les usines de p�tes et papiers avaient un taux de ch�mage de 20 %. Pourtant, les usines qui fabriquaient des meubles, elles avaient r�ussi � avoir un taux de ch�mage de 10 %. On voit que l�innovation, la recherche et l�investissement qu�on fait dans la connaissance, dans l�expertise, dans nos coll�ges et dans nos universit�s, sont un mod�le rentable, utile, un v�ritable mod�le de d�veloppement. En plus, quand on fait ce type de d�veloppement on s�occupe d�une mani�re dynamique et d�une mani�re durable tout le territoire et �a, c�est fondamental. Un pays n�est jamais plus fort que chacune de ses r�gions. Donc, c�est l�apologie de la prise en main de notre d�veloppement des ressources naturelles et des ressources mini�res avec des outils que nous avons cr��s et mis au monde. Une des conditions aussi pour r�ussir, c�est �videmment, de sortir de notre d�pendance au p�trole. Nous savons tous, le p�trole c�est environ entre 12 et 16 milliards, qui chaque ann�e s�en vont. Or, nous avons ici la possibilit� de pallier � cet achat d��nergie fossile par notre capacit� inou�e de d�velopper des �nergies non fossiles. Vous les connaissez, il y a l�hydro-�lectricit� �videmment, l��olien, la g�othermie, la biomasse, la biom�thanisation et d��normes r�servoirs de vent. Nous avons absolument tout ce qu�il faut pour proc�der d�s maintenant � un retrait de notre d�pendance au p�trole. Et, quand on a des projets, comme le fabuleux projet du mono rail suspendu anim� par des moteurs-roue qui relierait non seulement Montr�al � Qu�bec, mais toutes les r�gions du Qu�bec, ce projet est fabuleux, c�est un projet � faire r�ver n�importe qui. C�est ce type de projet qu�il faut mettre en oeuvre avec un d�veloppement r�el et un enrichissement r�el de l�exploitation intelligente et coh�rente de nos ressources humaines, mini�res et naturelles. www.pierrecurzi.org Nos valeurs Disons que dans mon homme de L�onard de Vinci, le d�veloppement �conomique, on va mettre �a dans la main droite. Je veux vous parler aussi de la main gauche. Cette main repr�sente pour moi les valeurs. �videmment, les valeurs quand on en parle au Qu�bec, on s�est rendu compte qu�on parle toujours de trois valeurs : la langue, l��galit� entre les femmes et les hommes et la s�paration de l��tat et de l��glise, la s�paration de l��tat, donc la la�cit� de l��tat. Mais, en m�me temps, il faut savoir qu�il y a d�autres valeurs, il y a d�autres valeurs dont nous vivons et dont nous vivons depuis longtemps. Bon, pour le fran�ais, j�ai plusieurs amis qui vont reconna�tre ce passage, mais dans le fond, il y a eu deux �tudes que j�ai faites. La premi�re s�appelle L�esquisse du vrai visage du fran�ais au Qu�bec, Le grand Montr�al s�anglicise, la deuxi�me s�appelle L�application de la Charte de la langue fran�aise au coll�gial, un prolongement n�cessaire. Dans le fond, on peut dire qu�au Qu�bec, le fran�ais se porte bien. Il y a une certaine qui�tude dans l�ensemble du Qu�bec, les gens vivent en g�n�ral majoritairement dans une langue commune, une langue officielle, leur langue d�usage, leur langue maternelle qui est le fran�ais. Il y a deux lieux o� il y a des probl�mes. Il y a dans la grande r�gion m�tropolitaine de recensement, c�est-�-dire Montr�al, l��le de Montr�al, la couronne nord, la couronne sud et il y a la grande r�gion m�tropolitaine d�Hull-Ottawa, c�est-�-dire essentiellement Gatineau. C�est l� que les probl�mes sont pr�sents. On sait qu�� Montr�al, il y a 300 000 anglophones, 600 000 allophones, 900 000 francophones. Donc, un rapport de 3 personnes de langue maternelle fran�aise pour une personne de langue maternelle anglaise, un rapport de 3 pour 1. Quand on regarde la langue d�usage, ce rapport-l� n�est plus de 3 pour 1, c�est un rapport de 2 pour 1. Les raisons sont les suivantes. On �value � 200 000 les francophones qui ont migr� de l��le vers les banlieues en 20 ans. On sait que chez les anglophones, le d�ficit entre ceux qui arrivent et ceux qui quittent est maintenant presque nul. Donc, les anglophones restent � Montr�al et ne partent plus du Qu�bec. On s�en r�jouit et c�est tr�s bien. Il y a 600 000 allophones dont un tr�s grand nombre a gliss� vers l�anglais, vers la langue anglaise, vers la culture anglaise. On a �valu� avec un crit�re que l�anglais � Montr�al �tait 5 fois plus attirant que le fran�ais. On a identifi� trois raisons pour lesquelles les allophones choisissent en grand nombre l�anglais. La premi�re raison, c�est le logement, donc le lieu o� ils s��tablissent. Le quartier, l�environnement dans lequel ils vivent. La deuxi�me est le travail, le premier travail qui est souvent dans de petites entreprises, mais aussi dans des moyennes et dans des grandes entreprises et on sait que dans le milieu du travail, depuis un certain temps il n�y a pas autant de francisation. L�effort de francisation dans les grandes entreprises m�appara�t comme �tre difficilement comparable � ce qu�il a d�j� �t�. Dans les moyennes entreprises, c�est un peu le m�me sc�nario. L� o� c�est moins organis� et c�est tr�s difficile de savoir avec pr�cision, c�est dans les petites entreprises de moins de www.pierrecurzi.org 50 employ�s. L�, on n�a rien, on ne sait pas dans quelle langue les gens travaillent quand il y a entre 10 et 50 employ�s, on ne sait pas. Il n�y a pas d��tude de l�Office qu�b�cois de la langue fran�aise, il n�y a pas de document fiable, on n�glige cela et ce sont les lieux o� souvent les gens qui arrivent vont trouver leur premier emploi. Parfois �a se passe en fran�ais, des fois en anglais, des fois dans d�autres langues. Ce que l�on sait surtout, c�est que toutes ces petites entreprises sont d�pourvues m�me si la Charte s�applique partout, sont d�pourvues de moyens pour servir d�outil de francisation pour les gens qui arrivent. Alors, les cons�quences, c�est qu�en 2031, 43 % des Montr�alais auront comme langue d�usage le fran�ais, 43 % seulement. Le r�sultat, on le voit. Montr�al s�affiche de plus en plus en anglais. Montr�al s�anglicise dans la repr�sentation qu�elle a d�elle-m�me. Montr�al qui a toujours �t� le coeur francophone du Qu�bec, un coeur francophone qui a servi � l�ensemble du Qu�bec est en train de s�affaiblir et dans la mesure o� le coeur de Montr�al s�affaiblit au niveau de la production des contenus et de la culture francophone, cela a des effets sur le reste du Qu�bec. Si Montr�al est aspir� par le grand remous anglo-saxon, le reste du Qu�bec va suivre. Ajoutez � cela un nouveau ph�nom�ne que l�on ne connaissait pas qui est une contamination virale par des fragments anglophones qui affaiblissent notre immunit� linguistique. Je vous donne des exemples. Savez-vous ce que �a veut dire LOL? Lots of laughs. Savez-vous ce que �a veut dire TGIF, c�est Thank God it�s Friday, BTW, by the way, OMG, Oh my God. Ce langage, c�est de la contamination virale, �a rentre dans nos intimit�s, dans nos salons, dans notre chambre, dans nos blackberrys et dans nos Ipods. �a rentre partout, tout le temps, d�une mani�re constante. C�est un langage qui est de plus en plus utilis�. Si vous croyez que �a n�a pas d�effet, moi je vous garantis qu�une r�p�tition constante de ces fragments va nous affaiblir et que notre syst�me immunitaire a besoin d�un s�rieux coup de boostage pour pouvoir r�sister � ce genre d�attaque. Alors, si nous ne renfor�ons pas notre immunit�, la langue fran�aise risque de s�an�mier et de dispara�tre et avec elle, la culture. Nous devrions nous en inqui�ter beaucoup. Shakespeare a dit : � Nous sommes faits de l��toffe de nos r�ves � et moi je dis, au Qu�bec, nous sommes faits de l��toffe de nos mots. Ce sont les mots qui ont nomm� le pays. C�est le fran�ais qui a nomm� les lacs, les rivi�res, les montagnes, les for�ts, les villages et les familles. C�est le fran�ais qui est chant�, qui est c�l�br� et qu�on �crit. Bien s�r, il a �t� m�tin� d�un peu d�anglais, d�un peu d�autres langues, mais fondamentalement, le monde n�existait pas au Qu�bec avant d��tre nomm� et nous l�avons nomm� par la langue fran�aise. C�est ce qu�il y a de plus pr�cieux. La langue cr�e le monde, elle porte l�accent de notre identit�, elle est garante de notre coh�sion, d�une compr�hension du sens partag� des mots que nous utilisons pour parler du monde qui nous entoure, de nos sentiments et de nos vies. Quelles sont les solutions? Vous les connaissez. Les solutions sont le renforcement de la Loi 101, le renforcement de la Loi 101 surtout dans ses aspects de la langue de travail, la langue de www.pierrecurzi.org l�Administration, c�est l�application de la Loi 101, dans les c�geps. C�est la francisation des services de garde en milieu allophone, c�est fondamental. C�est jeune qu�on apprend et qu�on pratique une langue. C�est �galement la r�vision de la loi sur l�affichage, le renforcement de notre r�seau national de t�l�vision. C�est la fr�quentation des productions culturelles de langue fran�aise et la tentative d�y attirer un bassin de plus en plus important de gens dont la culture est autre et qu�on r�ussit mal � attirer dans notre culture d�expression fran�aise. Et �videmment, c�est la r�ussite de l�immigration et de la francisation. Il y a le magnifique livre de Benoit Dubreuil et Guillaume Marois que vous connaissez, Le rem�de imaginaire, qui d�crit cela admirablement. Dans le fond, il y a deux solutions : soit on r�duit le nombre de gens qu�on accueille, mais on s�assure qu�on leur fournit de v�ritables services de francisation et d�int�gration. Soit, il faut augmenter consid�rablement les ressources disponibles pour s�assurer de r�ussir compl�tement cette francisation et cette immigration. Si on n�agit pas d�une fa�on claire, d�une fa�on ferme, il est certain que nous allons perdre le combat. Nous sommes � prendre ou � laisser. Nous sommes � nous poss�der et � nous d�poss�der et il n�en tient qu�� nous. Je veux parler aussi d�une autre valeur, une valeur qui est compliqu�e et je vais essayer d��tre clair. Je veux parler de la la�cit� parce que souvent on a le sentiment d�une perte identitaire par rapport � la langue et souvent quand on a le sentiment de perdre au niveau de l�identit�, on a tendance � accuser l�autre. C�est l�autre qui est responsable de notre perte identitaire, c�est � cause de l�autre si nous sommes fragilis�s. Ce sentiment de perte, il est fort et quand on regarde la la�cit�, c�est assez r�v�lateur. � un moment donn� dans notre histoire, nous avons d�cid� que nous allions s�parer l��tat de l��glise et en m�me temps, on a abandonn� la pratique religieuse. En faisant cela, on a tourn� le dos � tout un pan de notre identit� collective. Les francophones en Am�rique, les Qu�b�cois, �taient des catholiques et quand on a fait cette migration, un pas d�mocratique avec lequel tout le monde �tait d�accord, on s�est trouv� � abandonner la religion, mais pas les valeurs port�es par cette religion. On ne les a pas jet�es en m�me temps qu�on jetait la pratique religieuse. Souvenez- vous, les institutions scolaires �taient de v�ritables incubateurs des valeurs, des valeurs explicites, �a servait � ce moment-l� la citoyennet�, �a s�appelait le cours d�hygi�ne, le cours de biens�ance. On pratiquait l��conomie parce qu�il y avait des caisses populaires scolaires. �a transportait un tas de valeurs extr�mement fortes, des valeurs de coop�ration et d�ouverture sur la communaut�. Des valeurs de travail, d��conomie, des valeurs intelligentes d�investissement dans ce que nous sommes. C�est avec ces valeurs qu�on a r�ussi �norm�ment de choses au Qu�bec. Avec ces valeurs, on a r�ussi � r�duire la diff�rence entre les riches et les pauvres d�une fa�on remarquable. On est probablement en Am�rique l�endroit o� il y a le moins de diff�rence entre les riches et les pauvres. Avec ce mod�le nous avons r�ussi � avoir l��quit� salariale, les services de garde pour les jeunes enfants. On a financ� tout �a avec ces principes, avec cette pens�e. Le fait d�avoir des services de garde a permis aux femmes d�avoir acc�s au march� du travail. D�un coup, on a r�duit consid�rablement la pauvret� dans bien des www.pierrecurzi.org milieux, dans bien des familles de l�ensemble du Qu�bec. On est devenu tout � coup une soci�t� prosp�re. Tout cela a �t� li� � l�ensemble des valeurs qui �taient en quelque sorte sous-jacentes, qui soutenaient ou qui ont �t� soutenues ou qui faisaient partie du mod�le chr�tien. On a abandonn� la pratique mais on a quand m�me su maintenir ces valeurs et les concr�tiser. Mais, en m�me temps, dans le discours, on a choisi de donner l�apparence que nous avions opt� pour un pluralisme des valeurs. On s�est dit, ce pluralisme va indiquer que nous sommes des gens ouverts. Nous sommes ouverts aux autres, nous sommes capables de nous ouvrir, capables de tol�rance et capables d�adaptation. En soi, ce n��tait pas un mauvais concept mais, ce faisant, on n�a plus privil�gi� aucune valeur. Les valeurs port�es par cet historique ont �t� mises en oeuvre. Elles ont produit de bons r�sultats mais, tranquillement, dans le discours, on a cess� de les v�hiculer et on a laiss� entrer une valeur forte, une valeur dominante qui est la consommation. On a laiss� tranquillement la notion de consommateur remplacer graduellement celle d�un citoyen conscient de sa communaut�. On a provoqu� un repliement sur chacun pour soi. On a provoqu� un endettement majeur des familles qui fait que maintenant le premier souci c�est d�abord de se sortir de cette dette et qu�il est de plus en plus difficile de s�ouvrir aux autres et d��tre ouvert aux communaut�s. Nous avons en quelque sorte n�glig� de remplacer les valeurs humanistes et chr�tiennes par des valeurs humanistes la�ques. Il faut redresser ce discours et l�endroit pour le faire, c�est in�vitablement l��cole. Il faut redessiner l��cole. Je ne dis pas que cela s�applique partout, plein de gens y travaillent, mais il faut encourager le retour dans les �coles d�un humanisme la�que qui dise clairement quelles sont les valeurs qui nous ont fond�s, quelles sont les valeurs qui se sont d�ploy�es et quelles sont les valeurs avec lesquelles nous allons continuer � marcher vers notre avenir. Il faut r�inventer une �cole qui soit soucieuse d�une solidarit� qui s�effrite et il faut redonner � cette solidarit�-l� une �me et il faut lui redonner des d�fenseurs. Ces d�fenseurs, ce seront les enfants, ce seront les jeunes. Alors, voil� donc la main gauche avec des valeurs d�entraide, de coop�ration, d��quit� interg�n�rationnelle, d��galit�, de r�partition de la richesse, de justice sociale, d�acc�s � la sant�, � la justice et � l��ducation. Toutes ces valeurs, il faut les nommer et les int�grer dans ce que nous souhaitons �tre un pays. www.pierrecurzi.org Nos institutions d�mocratiques Parlons maintenant du soc, les deux pieds de cet homme de Vitruve de L�onard de Vinci. Ses deux pieds solidement ancr�s dans le sol et dans l�imagerie, ce sol-l�, ce sont les institutions d�mocratiques. C�est l�-dessus que les citoyens doivent se tenir debout. Parlons d�abord des d�rives du syst�me d�mocratique. La premi�re d�rive, c�est le bipartisme, j�ai eu l�occasion d�en parler assez souvent. Le bipartisme cr�e ce qu�on voit constamment, c�est-�-dire une guerre incessante entre deux partis qui sont d�accord pour se faire la guerre parce qu�ils savent profond�ment que la r�gle de l�alternance va jouer et qu�apr�s que l�un aura quitt� le pouvoir, l�autre prendra sa place. Donc, l�opposition ne peut et ne fait que s�attaquer au pouvoir qui est en place en sachant que lorsqu�elle prendra le pouvoir, ceux qui sont au pouvoir feront la m�me chose lorsqu�ils seront dans l�opposition. C�est vraiment navrant comme comportement et c�est navrant quand vous y �tes jour apr�s jour, p�riode de questions apr�s p�riode de questions. �a devient plus que navrant, �a devient f�cheusement lassant. �videmment, pour que cette guerre de groupes ait lieu, il faut qu�il y ait une ligne de parti solide, quel que soit notre parti. Il faut que nous ayons la m�me pens�e, qu�on soit tous capables d�applaudir en m�me temps � l�attaque virulente qui n�aura aucune r�ponse. Voil� donc une d�rive forte. Parlons des chefs. Quand on devient chef d�un parti, on devient, si on est �lu, chef de gouvernement, chef de l��tat. On est chef de tout et quand on est chef de tout, les autres, les d�put�s deviennent des num�ros. Les ministres m�mes n�ont plus de pouvoirs. Le chef nomme les ministres quand il le veut, les d�nomme, il nomme les sous-ministres et les autres d�put�s, il s�en pr�occupe peu. Il est le chef comme sur une �le entour�e d�eau. Mais, tout � coup dans cette eau limpide au d�part parce qu�il n�y a pas de contre-pouvoir � ce n�est pas vrai que l�opposition est un contre-pouvoir aux pr�rogatives du chef d�un parti � donc, il n�y a pas de contre-pouvoir et dans ces eaux libres, tout � coup, vous voyez appara�tre de grands navires. De grands destroyers qui sont les grands groupes financiers, les grands groupes de comp�tence en ing�nierie, en informatique, en pharmaceutique, les grands groupes syndicaux et les grands groupes mafieux. Vous voyez de plus en plus, autour de cette �le, croiser des destroyers parce que cet homme isol� sur son �le, cette femme isol�e sur son �le a besoin d�abord des destroyers pour mettre en oeuvre ses consignes, pour g�rer les grands ensembles, pour cr�er de l�emploi, pour mener � terme des investissements majeurs dans nos infrastructures. C�est �a la d�rive dans laquelle nous am�nent le bipartisme et les chefs. Et pour ces grands destroyers, inutile de vous le dire, leur but est de faire main basse sur l��tat, sur les coffres de l��tat. Et c�est logique, ils sont faits pour �a. Finalement, on est d�termin� par notre naissance, ils sont n�s pour s�emparer de notre bien. www.pierrecurzi.org La troisi�me d�rive est celle des trois pouvoirs que sont le pouvoir l�gislatif, le pouvoir ex�cutif, le pouvoir judiciaire, et que ces pouvoirs ne sont plus �tanches. C�est �vident qu�entre le pouvoir l�gislatif et le pouvoir ex�cutif, il y a actuellement des liens incestueux, fr�quents, constants, qui font l�objet m�me de toutes nos revendications pour un grand nettoyage. Ce qu�on a vu appara�tre avec cette �trange commission d�enqu�te. On a vu tout � coup que la cloison ou le mur entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir ex�cutif �tait aussi un lieu friable. Il y a donc un effritement au niveau des grands pouvoirs qui sont constitutifs de l��tat, qui sont les bases m�mes sur lesquelles le pouvoir citoyen repose. Alors, les r�formes, vous pouvez les imaginer. Il faut r�tablir de toute urgence un mur �tanche entre les diff�rents pouvoirs et �a m�appara�t �tre la premi�re r�forme probablement la plus complexe, la plus d�licate, n�anmoins la plus essentielle. L�autre r�forme qui m�appara�t aussi fondamentale, c�est �videmment la r�forme du mode de scrutin. Il faut s�assurer que le nombre de si�ges attribu�s aux partis correspond proportionnellement au nombre de votes qu�ils ont re�us. �a appara�t simple, mais si on arrivait � changer cela, si on arrivait � instaurer une repr�sentation proportionnelle, et je sais qu�il y a des d�bats sans fin l�-dessus et ce serait int�ressant que nous les ayons. Je suis convaincu que nous r�ussirions � changer la dynamique compl�te de l�Assembl�e nationale. Plut�t que d�avoir un affrontement continuel, nous aurions t�t ou tard des coop�rations entre des groupes dont la coop�ration serait n�cessaire. Je ne pense pas que ce soit une panac�e. Ce n�est pas parce que des pays ont des syst�mes proportionnels qu�il y a plus de gens qui vont voter mais n�anmoins, il n�emp�che qu�au Qu�bec, �a m�appara�t dr�lement urgent. Bon, les autres mesures. Est-ce qu�il faut avoir des �lections � date fixe? Oui, je pense que c�est assez simple. Est-ce qu�il faut �lire un Premier ministre ou est-ce qu�il faut �lire un Pr�sident au suffrage universel? Je crois que la discussion doit �tre ouverte. Est-ce qu�on doit avoir un r�f�rendum d�initiative populaire qui soit uniquement r�serv� � notre changement constitutionnel ou est-ce que le mandat d�initiative populaire devrait s�appliquer � plusieurs autres questions? Moi je pense que toutes ces r�formes-l� doivent �tre discut�es. Ce qui est clair, c�est qu�il y a la n�cessit� que l�on fasse une consultation populaire sur ces institutions d�mocratiques et sur le type de r�formes qu�on doit mettre en oeuvre. Il faut qu�on ait un mandat clair pour ce faire. www.pierrecurzi.org Les pouvoirs Mais dans le fond, on a les pieds dans la m�me bottine actuellement, c�est �a qui est particulier pour ce personnage de L�onard de Vinci, on se pile sur les pieds. Vitruve, s�il sortait de sa bo�te, s�enfargerait et se casserait la gueule tout simplement parce que les deux pieds sont vraiment en pleine confusion. Donc, apr�s qu�on ait parl� de la main droite, de la main gauche, des pieds, il faut parler un petit peu de la t�te. Ce sera assez bref parce que finalement, la t�te n�est pas dans les nuages, mais la t�te est dans les pouvoirs. Quels sont les vrais pouvoirs que nous avons? Et, ma foi, quand on se met � faire la liste, elle n�est pas exhaustive mais quand m�me. On a les pleins pouvoirs en �ducation, en sant�. On a les pleins pouvoirs dans les terres et for�ts, on a les pleins pouvoirs sur les municipalit�s, on a les pleins pouvoirs sur la c�l�bration du mariage, mais pas sur le mariage et sur le divorce, sur la c�l�bration seulement. On a les pleins pouvoirs sur le droit civil, on a les pleins pouvoirs, ma foi, sur la Constitution, on peut se faire une constitution, et d�ailleurs quand on parlait des institutions, quand on parle de faire une consultation populaire, il est bien �vident que cette consultation populaire va nous donner les bases de ce qui sera contenu dans une constitution. C�est clair. Quand on lit la Constitution des �tats-Unis, la Constitution de la France, ce qui est d�abord �crit dans ces constitutions, c�est comment l��tat fonctionne. Donc, cette consultation populaire, nous allons pouvoir imm�diatement l�utiliser. Donc, on contr�le tr�s peu. On contr�le une partie de nos politiques linguistiques, une partie des politiques de l�emploi, une partie de la justice, on l�a vu, pas la justice criminelle, une partie de l�immigration - la r�union des familles, �a ne nous appartient pas. Nous contr�lons une partie de la culture, une partie des t�l�communications, une partie de la fiscalit�. Il n�y a pas de rapport d�imp�t unique qui nous appartienne. Nous contr�lons une partie de notre territoire. Il y a une partie de notre territoire qui ne nous appartient pas. Nous n�avons aucune repr�sentation internationale sauf le strapontin de l�Unesco, c�est un strapontin qui s�est referm�. Nous n�avons aucun contr�le de nos fronti�res dont on apprend et on d�couvre qu�elles sont floues. Nous n�avons aucun contr�le sur l�arm�e, sur la monnaie, etc. etc. Bref, au niveau des pouvoirs, je comprends que l�on en parle en dernier parce que la t�te est relativement vide. Il faudrait bien que cette t�te-l� se remplisse de l�ensemble de ces pouvoirs et l� encore, je crois que nous avons besoin d�avoir une consultation populaire. Cette consultation populaire, ces simples questions que nous allons poser sur les pouvoirs dont nous avons besoin pour nous accomplir comme peuple, sont aussi le contenu de ce qu�il faudrait �crire dans une constitution d�un pays normal. Apr�s avoir consult� les gens sur les institutions, les avoir consult�s sur les pouvoirs, apr�s avoir �crit ensemble, collectivement, d�une fa�on ouverte et d�mocratique ce que www.pierrecurzi.org nous mettrions dans une constitution, dans un texte fondateur, quels seront les gestes � poser? J�ai des pr�f�rences sur les gestes qui sont � poser mais je sais que plusieurs ici, ailleurs, ont diff�rentes opinions et d�s que l�on commence � discuter de ces moyens, on tombe souvent dans des discussions st�riles. Je pense qu�il est plus int�ressant de laisser cette question ouverte et d�en d�battre. Conclusion Nous savons qu�il y a environ entre 35 et 42 % d�ind�pendantistes. Nous savons que 40 % de la population est insatisfaite du gouvernement f�d�ral mais n�est pas ind�pendantiste, ce qui veut dire qu�il reste un 18 � 20 % de gens qui sont en faveur du statu quo. Donc, dans les chiffres, nous les ind�pendantistes, on est deux fois plus nombreux que ceux qui souhaitent le statu quo. Il y a eu deux seules occasions o� il y a eu une jonction entre les ind�pendantistes et les autonomistes : lors du vote de Charlottetown en 1992 et lors du r�f�rendum de 1995. Actuellement, l��tat r�el, c�est vraiment cette image. Nous sommes actuellement, nous, et quand je dis nous �a veut dire l�ensemble des citoyens comme sous tension. Nous avons des gens qui s�occupent des valeurs, et on pourrait les nommer, les gens qui d�fendent la langue, les gens qui s�occupent d�immigration, qui s�occupent de l�in�galit� entre les hommes et les femmes, les gens qui s�occupent de toutes les valeurs dont j�ai parl�. Il y a des gens qui s�occupent du d�veloppement �conomique du Qu�bec, qui veulent le faire entrer dans le XXIe si�cle. Des gens qui s�occupent de l��cologie, de l�environnement, qui s�occupent des ressources mini�res, des ressources naturelles, il y a des gens et des partis qui se pr�occupent de nos institutions d�mocratiques et surtout il y a des partis politiques qui se pr�occupent du pouvoir. Et nous sommes au centre, les citoyens, le pouvoir citoyen, il est au centre, il est sous tension. Et l�important actuellement me semble �tre de ramener l�ensemble de ces gens qui travaillent, qui oeuvrent vers le citoyen lui- m�me, de le ramener vers un citoyen qui marche sur deux jambes, la premi�re �tant la d�mocratie et l�autre, l�ind�pendance. Il faut ramener toutes ces forces vers le coeur de cette personne, de ce citoyen. Il faut que le coeur se remette � battre et dans la mesure o� nous r�ussirons � ce que le coeur se remette � battre, alors on peut imaginer que les jambes seront capables de faire le premier pas, de s�appuyer sur la d�mocratie, de faire le pas vers l�ind�pendance du pays. Tant�t quelqu�un parlait de sens, et c�est vraiment de cela dont il est question. Il faut que ce Vitruve, cet homme dans son cercle d��nergie redonne un sens � sa vie personnelle et collective. Il faut que nous ayons � coeur de g�rer avec rigueur nos richesses, il faut occuper notre territoire, il faut retrouver le sens de la beaut� de ce qui est juste, de ce qui est honn�te, il faut retrouver le sens et la beaut� des gestes que nous posons � ch�rir notre patrie, notre langue, notre culture, notre humanit�. Ch�rir les gestes que nous posons � nous poss�der. Merci! www.pierrecurzi.org